Frédéric Bordage - Numérique responsable

Trois questions à Frédéric Bordage, Expert indépendant, animateur de la communauté GreenIT.fr et du collectif Conception.

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Publié le 21/09/2023

Qu’est-ce que le « numérique responsable » et quels en sont les enjeux ?

Le numérique responsable, c’est un numérique qui respecte le plus possible le vivant, c’est-à-dire la planète et les êtres humains. L’enjeu est de réconcilier numérique et développement durable. Le Green IT est la démarche mise en oeuvre par la direction informatique de l’entreprise à l’échelle d’un système d’information. La conception responsable de service numérique – qu’on pourrait aussi appeler « conception digitale responsable » – se joue à l’échelle d’un produit ou d’un service numérique : publicité en ligne, application mobile, site web institutionnel, campagne d’e-mailing, etc. 

Entre la conception, la réalisation et l’hébergement d’un service numérique, où faut-il concentrer les efforts pour réduire les impacts ? 

Si on part du principe que chaque intervenant de l’équipe projet fait correctement son travail, la conception (design) concentre environ 70 % des principaux leviers, l’hébergement (run) 20 % et la réalisation technique (build) 10 %. Si on attend l’étape d’écriture des lignes de code pour se poser la question de l’écoconception ou de l’accessibilité, c’est trop tard. Tout se passe avant car il s’agit surtout de faire des choix métiers, fonctionnels, graphiques et d’architecture technique. Pour prendre l’exemple d’une maison, une fois qu’elle est conçue (design) avec de grandes baies vitrées exposées plein nord, les maçons (build) n’ont plus les moyens de corriger le tir : quel que soit le type de ciment et de truelles qu’ils utilisent, la déperdition thermique en hiver sera catastrophique. En baissant la température à 17 °C en hiver (run), on limitera un peu la casse, mais à quel prix en termes d’expérience utilisateur ?

« Le numérique responsable, c’est un numérique qui respecte le plus possible la planète et les êtres humains »

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Vous parlez souvent de la nécessité pour les acteurs du numérique responsable d’adopter une posture de sobriété. De quoi s’agit-il ? 

La sobriété numérique – terme qu’on a co-inventé en 2009 avec Frédéric Lohier dans le cadre des travaux de la communauté GreenIT.fr – consiste à utiliser le numérique dans des proportions raisonnables et uniquement lorsque c’est nécessaire, sans se priver. Dans une démarche de conception et de communication digitale, l’enjeu est d’éviter les impacts inutiles liés à la surqualité et aux fonctionnalités non essentielles. Concrètement, on évite de déclencher des vidéos HD au chargement de la page d’accueil d’un site web. Plutôt que de proposer 30 fonctionnalités, on se concentre sur les cinq qui couvrent 80 % des besoins des utilisateurs, etc. Cela ne veut pas dire faire moins ou revenir en arrière. Il s’agit de faire mieux, en s’appuyant sur des leviers tels que la simplicité, la frugalité et l’écoute des utilisateurs (expérience utilisateur / UX).

« L’enjeu est d’éviter les impacts inutiles liés à la surqualité et aux fonctionnalités non essentielles »

Frédéric Bordage

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