Écoprod est une démarche collective lancée en 2009. Quelles sont les principales avancées réalisées depuis dans le secteur de l’écoproduction audiovisuelle ?
En douze ans, Écoprod a permis au secteur audiovisuel d’être sensibilisé à l’impact carbone de son activité et au rôle qu’il a à jouer en tant que média. Ce ne fut pas une mince affaire car les industries créatives ne se sentaient pas directement concernées par cet enjeu, au même titre que d’autres industries.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : les acteurs du secteur sont plus que prêts à agir. Les outils qu’Écoprod a mis en place depuis douze ans et qui s’adressent à tout type de production (publicité incluse) répondent à cette demande : calculateur Carbon’Clap, guide de l’écoproduction qui recense un ensemble de recommandations pour le tournage, lui-même décliné en guides plus techniques dédiés aux postes décor, lumière et workflow.
La charte Écoprod pour l’entreprise audiovisuelle, quant à elle, permet aux prestataires du tournage, mais pas seulement, de rentrer dans une démarche progressive pour améliorer les bonnes pratiques environnementales de leur activité et sensibiliser leurs parties prenantes. Il est important que tous les acteurs de la chaîne de fabrication soient impliqués pour la cohérence de la démarche.
Quelles sont les grandes difficultés rencontrées, les challenges qui restent à relever ?
La plus grande difficulté est de lever les verrous psychologiques : « C’est compliqué », « ça prend plus de temps », et bien sûr l’argument économique – « ça coûte plus cher ». Nous avons dû faire – et faisons encore – preuve de beaucoup de pédagogie pour démontrer que ce n’est pas forcément le cas, et cela en nous appuyant sur les retours d’expérience de professionnels qui ont déjà mis en place des pratiques vertueuses. Changer ses habitudes de travail demande du temps. Il n’est pas forcément évident par ailleurs de sensibiliser les producteurs, qui ne sont pas toujours présents sur le tournage et doivent répondre à beaucoup d’autres problématiques. Les financeurs commencent à se pencher sur la question des éco-critères ou des éco-bonus, comme le Fonds de soutien cinéma et audiovisuel de la Région Île-de-France.
Il est plus que jamais important de poursuivre l’accompagnement du secteur avec toutes les parties prenantes, tout en intégrant les spécificités de l’audiovisuel et du cinéma. C’est un travail de longue haleine mais crucial.
En 2021, le collectif Écoprod a décidé de se transformer en association. Pour quelles raisons et avec quelle finalité ?
Le plan Action ! lancé par le Centre national du cinéma et de l’image animée fin juin 2021 va permettre d’accélérer la transition du secteur. C’est pour accompagner cette dynamique et pour répondre aux sollicitations croissantes des professionnels que nous avons souhaité nous constituer en association à but non lucratif et d’intérêt général, afin de fédérer les entreprises du secteur et accroître l’ampleur de ses actions et de ses ambitions.
Cette association ne sera pas seulement un lieu de concertation mais aussi un centre de ressources pour sensibiliser, former et accompagner concrètement les professionnels avec des outils, des conseils, des études dans la lignée du travail effectué par le collectif depuis 2009.
Ouverte aux personnes morales qui s’inscrivent dans son champ d’action, l’association couvre les secteurs de l’image animée – incluant, et de façon non exhaustive, l’industrie audiovisuelle, cinématographique, le jeu vidéo et les expériences numériques – et le secteur de la publicité.