Dan Antoine Blanc Shapira - L'évènementiel digital

Trois questions à Dan Antoine Blanc Shapira,fondateur de l’agence événementielle sensation !, cofondateur du collectif Éco-événement et initiateur des démarches RSE de LÉVÉNEMENT.

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Publié le 21/09/2023

En novembre 2006, plusieurs associations professionnelles de la filière événement annoncent la naissance du collectif Éco-événement. Quels ont été les principaux résultats obtenus et points bloquants ? 

Et quelles sont les évolutions observées ces dernières années ? Véritable précurseur, le collectif Éco-événement a rassemblé l’ensemble de la filière événementielle autour d’une volonté d’améliorer les process, de concevoir et de partager des contenus et des outils concrets, abordables et gratuits : la « check-list accessibilité », les fiches métiers, l’ADERE (auto-diagnostic sur l’événement écoresponsable) créé avec l’ADEME, le label Prestadd, l’outil « RSE Événement », etc. (à découvrir sur www.ecoevenement.org).

 Cette démarche active a permis de sensibiliser les entreprises du secteur, les clients, les prestataires et les étudiants, en leur présentant les moyens d’agir concrètement au quotidien. Comme souvent, les éventuels blocages proviennent de ceux qui refusent le changement… Un paradoxe pour ceux qui font de leur profession la quête de l’innovation, de la créativité et de la tendance ! 

Ces dernières années, la filière poursuit son engagement et sa professionnalisation. Je remarque notamment l’investissement grandissant des collectivités territoriales pour accompagner plus efficacement les acteurs culturels et événementiels dans leurs démarches responsables : plateforme de prêt de matériel, référencement de prestataires engagés, ateliers d’échanges de pratiques, formations… 

La réussite d’un événement repose sur l’implication de toute une chaîne d’acteurs, à la fois prestataires et partenaires (propriétaire du lieu, traiteur, agents d’accueil, personnel d’entretien…). Comment les mobiliser et maintenir leur intérêt au fil du temps ? 

Selon l’adage, une chaîne ne vaut… que ce que vaut son maillon le plus faible. Or, pour un professionnel de l’événement, qui n’a pas droit à l’erreur, il est essentiel de s’assurer de la mobilisation de toute l’équipe, incluant l’ensemble des prestataires qui interviennent autour du projet et, évidemment, du public.

« La démarche écoresponsable est synonyme de créativité et d’innovation. C’est une opportunité de rendre notre métier plus fort et plus impactant. »

  • Ouvrage

Ce que nous essayons de faire passer comme message, c’est que la démarche écoresponsable est synonyme de créativité et d’innovation. D’ailleurs, une de nos grandes fiertés à l’agence est d’avoir remporté un grand nombre de prix professionnels récompensant la créativité… pour des projets écoconçus. Démonstration que les deux peuvent et doivent aller de pair !

La démarche écoresponsable n’est pas un frein, mais au contraire une opportunité de réinventer notre métier et donc de le rendre plus fort et plus impactant. Rompre ainsi avec les habitudes est une façon d’accroître la mobilisation de l’ensemble de l’équipe projet qui s’approprie la démarche pour la porter à son tour. 

La généralisation des outils numériques et, bien sûr, la crise sanitaire du Covid-19, ont démocratisé les événements digitaux. Quels enseignements en tirez-vous ? L’événement en présentiel est-il menacé ?

Les confinements successifs et les restrictions de déplacements provoqués par la crise sanitaire ont effectivement généralisé l’organisation d’événements à distance, en visioconférence : réunions d’équipes, événements et salons professionnels, concerts et festivals… Nous en avons tous expérimenté les avantages mais aussi les contraintes ! 

En tant qu’organisateur d’événements, j’ai constaté plusieurs différences majeures. La première, c’est qu’avec un coût marginal, on augmente significativement l’audience d’un événement. Au lieu de réunir 600 personnes dans une salle, « La démarche écoresponsable est synonyme de créativité et d’innovation. C’est une opportunité de rendre notre métier plus fort et plus impactant. »

De surcroît, en général, l’événement digital est plus productif, plus fonctionnel, il commence et termine à l’heure. Mais en contrepartie, il lui manque les éléments qui composent l’efficacité des événements en présentiel : les rencontres, les discussions informelles pendant les pauses, le sentiment d’appartenance, la force de l’émotion… N’oublions pas que l’événement est la technique de communication qui produit les plus forts impacts auprès des publics (mémorisation, attribution, agrément, adhésion…). 

Du point de vue de l’organisateur, alors qu’avec un événement en présentiel on contrôle « toute la chaîne technique », pour un événement en ligne on ne gère en direct qu’une partie de la technique des intervenants à distance. Concrètement, nous n’avons pas la main sur les caméras, les micros, l’éclairage ni la qualité de la connexion internet. Clairement, cela nous pose des contraintes supplémentaires et pas toujours maîtrisables.

« Nous irons également vers des événements hybrides : au public présent qui vivra une expérience pourra se joindre un public à distance vivant une expérience différente, mais augmentant ainsi l’impact »

  • Ouvrage

Mon sentiment pour l’avenir est double : 

→ Nous serons plus sélectifs : les événements dont le ratio coûts / impacts /bénéfices ne justifie pas les déplacements (réunions de travail, échanges d’informations…) resteront en distanciel. En revanche, les nécessaires moments de rassemblements collectifs (conventions internes, festivals grand public, salons…) continueront en présentiel mais en écoconcevant au mieux l’événement. 

→ Nous irons également vers des événements hybrides : au public présent qui vivra une expérience pourra se joindre un public à distance vivant une expérience différente, mais augmentant ainsi l’impact. Idem pour les intervenants : ceux qui devront voyager de loin pour intervenir à une table ronde, pourront utilement intervenir de façon digitale. Et le digital permettra d’accroître la durée de l’événement dans le temps (en développant l’avant et l’après).

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