Ecoconcevoir un projet digital

En tant que communicant nous sommes souvent à l’initiative de projets web, il nous incombe donc d’intégrer une nouvelle réflexion de les concevoir et viser ce qu'on appelle l’éco-conception : concevoir l'outil de manière la moins impactante possible sur l'environnement.

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Se poser les bonnes questions

Avant toute chose, il est donc important avant de démarrer n’importe quel projet de s’interroger de l’utilité de celui-ci :

  • Avez-vous réellement besoin de créer un nouveau contenu sur un sujet qui est déjà pléthorique ? 
  • Avez-vous une nouvelle information à communiquer ? 
  • Une vidéo est-elle vraiment le format adéquat pour délivrer votre message ou un autre format plus simple ne serait pas plus efficace ? 

Questionnez le moment opportun de communiquer et la pertinence de votre contenu à travers l'approche méthodologique de la sobriété éditoriale. Suivez les 6 étapes méthodologiques de sobriété éditoriale. Un article rédigé par Ferréole Lespinasse, consultante sobriété éditoriale.

Concevoir un numérique plus responsable

Le saviez-vous ? Les choix d’architecture et de solution ont un impact important

Par exemple, pour confirmer la place d’un passager dans un train, on peut diviser l’impact par 10 en préférant un courriel au format texte à une application mobile. Et le diviser encore par 10 en choisissant un SMS sur un téléphone mobile plutôt que le courriel. Soit un facteur 100 de l’application mobile au SMS, pour un résultat identique.

Concevoir un MVP

C’est lors de la conception — d’un site web, d’une appli mobile ou de tout autre service numérique – que les leviers pour réduire son empreinte environnementale sont les plus nombreux et les plus efficaces. Ils consistent notamment à se focaliser sur les besoins essentiels des utilisateurs. En évitant la surqualité et les fonctionnalités inutiles, on cherche à créer le minimum valuable product (MVP) pour concentrer l’attention sur l’action clé à réaliser ou l’information clé à transmettre. Ce message peut être implicite et transmis, par exemple, par une expérience utilisateur (UX) de qualité.

La compréhension du métier du client et de ses objectifs de communication permet d’adapter le média / support, l’architecture technique et la technologie sous-jacente.

Concevoir une interface juste

En termes d’interface, le smartphone étant devenu le terminal de référence du grand public, il est essentiel de suivre une approche de conception de type mobile first, c’est-à-dire de concevoir un site web ou tout autre service numérique d’abord pour les smartphones. Cette contrainte oblige à se concentrer sur l’essentiel et à éliminer le superflu.

Cette sobriété doit également se traduire en termes d’interface et de contenu. A-t-on réellement besoin de déclencher automatiquement (autoplay) des vidéos HD, publicitaires ou non, lors du chargement de la page d’accueil d’un site web institutionnel ou d’un site de marque ? Il semble plus judicieux de laisser l’utilisateur décider s’il souhaite visionner la vidéo ou pas.

Choisir son architecture

Enfin, le choix de l’architecture technique et des technologies sous-jacentes est intimement lié au processus métier proposé par le service numérique. Si un site web est très interactif, un serveur d’application sera certainement indispensable, mais pour un site institutionnel simple, on peut très bien choisir une architecture statique (de type Jamstack). De plus, les temps de réponse – ainsi que l’expérience utilisateur et le référencement – seront bien meilleurs.

D’un point de vue projet/opérationnel, la démarche consiste à évaluer ou estimer (quand le projet n’existe pas encore) les impacts environnementaux du service numérique. Selon les moyens dont on dispose, on peut le faire de façon très précise via une analyse de cycle de vie ou le faire de façon plus grossière via les outils gratuits et ouverts. Cela permet d’identifier les principales sources d’impact et donc de (re)concevoir le service en conséquence.

Adopter une démarche environnementale, sociale et éthique

En tant que communicant, il est tout aussi important que vous maitrisiez les règles d’accessibilité, d’éthique et de respect de la vie privée que celles pour réduire l’impact environnemental de vos projets.

Rendre les contenus numériques plus accessibles

87 millions de personnes sont touchées par le handicap à des degrés divers en 2020. 

En 2019, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne ont adopté l’acte législatif européen sur l’accessibilité (EAA) afin que certains produits et services du quotidien soient accessibles aux personnes handicapées. 
Elle ne définit pas de normes techniques de conformité, mais mentionne que les sites Web et les applications mobiles doivent respecter les principes suivants : perceptibles, utilisables, compréhensibles et robustes.

Ces principes correspondent aux directives d’accessibilité qui structurent le WCAG (ou Web Content Accessibility en anglais) définies par le W3C, organisme de normalisation international. Ces normes réglementent la mise en œuvre d’un site web pour sensibiliser et orienter les concepteurs, à développer des sites accessibles et compatibles sur les différents terminaux avec une conformité marquée par 3 niveaux : A, AA ou AAA

À titre d’exemple, pour un niveau A, tous les contenus audios préenregistrés sont sous-titrés. Le niveau AA suppose que toutes les vidéos ont une audiodescription et le niveau AAA demande que tous les contenus soient accompagnés d’une version en langue des signes française.

Bien que le WCAG n’ait pas de valeur juridique, le cadre législatif donné par l’EAA mettra les organisations publiques ou privées en ordre de marche pour concevoir des produits et services accessibles aux personnes en situation de handicap.

La directive entrera en vigueur le 28 juin 2025 pour mettre concrètement en œuvre cette réglementation

Adopter une posture éthique

Fracture numérique, exploitation des données personnelles, transparence vis-à-vis des clients, interfaces trompeuses (…), le développement des outils et services numériques soulève de multiples questions éthiques qui ne peuvent être ignorées par les communicants. 

Le référentiel « Éthique et numérique » propose trois grands axes d’analyse : l’éthique by design, c’est-à-dire au moment de la conception, l’éthique des usages et l’éthique sociétale. 

Retrouvez les principales questions à se poser afin de réduire les impacts sociaux et sociétaux négatifs de vos outils et campagnes digitales sur le site du Cigref.

RGAA, RGPD et RGESN

En matière de conception numérique, il existe en France différents référentiels et règlements permettant de s'inscrire dans un cadre des bonnes pratiques

Le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA)

Les services publics numériques et certains services privés ont l’obligation d’être accessibles de façon équivalente à tout citoyen, qu’il soit ou non en situation de handicap (visuel, auditif, moteur, troubles dys…).

Pour faciliter la mise en œuvre de l’accessibilité numérique, la Direction interministérielle du numérique (DINUM) édite le référentiel général d’amélioration de l’accessibilité dont la dernière version (4.1) a été publiée le 16 février 2021.

La liste des obligations à respecter et celle des critères pour vérifier la conformité d’une page sont accessibles sur leur site.

Le Référentiel général d'écoconception de services numériques (RGESN)

Le RGESN  est un document de référence élaboré dans le cadre de la mission interministérielle numérique responsable et co-pilotée par la Direction interministérielle du numérique (DINUM), le Ministère de la Transition Écologique, l’ADEME et l’Institut du Numérique Responsable. Les objectifs sont de réduire la consommation de ressources informatiques et énergétiques et la contribution à l’obsolescence des équipements, qu’il s’agisse des équipements utilisateurs ou des équipements réseau ou serveur. Il doit s'utiliser en complément des autres référentiels et règlements déjà existants (selon la pertinence : RGPD, RGAA ,…). À ce jour, c’est un référentiel d’application volontaire.

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD)

Ce règlement encadre le traitement des données personnelles sur tout le territoire de l’Union européenne. Il s’inscrit dans la continuité de la loi française Informatique et libertés de 1978 et renforce le contrôle par les citoyens de l’utilisation qui peut être faite des données les concernant.

Voici les quatre actions principales à mener pour entamer et maintenir sa mise en de l’informatique et des libertés (CNIL) : 

  • Respecter les droits des personnes (les informer, leur permettre d’exercer leurs droits) ;
  • Constituer un registre des traitements de données ;
  • Faire le tri dans les données;
  • Sécuriser les données.

Le label « Numérique Responsable »

Depuis 2019, il est possible d’obtenir le label « Numérique Responsable » afin de certifier l’engagement de votre entreprise. Ce label vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale des technologies de l’information et de la communication.

Découvrir le label
Check-list de l'écoconception d'un projet digital

L'essentiel pour écoconcevoir un projet digital

 

Pour aller plus loin


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L’essentiel de la communication responsable réunit dans un guide complet

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